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La Souveraineté énergétique française à un carrefour : le défi de la surproduction et de l'intermittence
Vulnérabilité de la France à l'ère de la transition énergétique

Graphique 1 Parmi les pays industrialisés, la France produit trop d'énergie par habitant 
Graphique 2 La production nucléaire n'est pas modulable, plus de renouvelable = risque d'un blackout

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Besoin de clarification sur les comptes

Le graphique illustre de manière frappante le pilier de la souveraineté énergétique française : une production électrique par habitant qui, avec environ 7 023 kWh, dépasse nettement la demande interne (estimée autour de 5 823 kWh), créant un excédent structurel significatif. Cet avantage historique, basé sur un parc nucléaire pilotable, place la France en situation d'exportatrice nette. Cependant, cette force devient un point de vulnérabilité à l'ère de la transition énergétique. Le développement accru des énergies renouvelables intermittentes (éolien, solaire) aggrave le phénomène de surproduction lors des périodes de forte production combinée (ex: journées ventées et ensoleillées). Le réseau électrique européen, déjà saturé et confronté aux mêmes pics de production renouvelable, ne peut plus absorber ces surplus français massifs de manière systématique et rentable. Cela conduit à des épisodes de prix négatifs, pénalisant la rentabilité de l'ensemble de la filière de production et mettant sous tension l'équilibre économique du modèle d'EDF. Par conséquent, la France ne peut plus se contenter de développer du renouvelable supplémentaire sans une stratégie parallèle massive de flexibilité. L'urgence n'est plus seulement de produire, mais de gérer l'intermittence : le développement du stockage (batteries, STEP), la modulation de la production nucléaire, et la gestion de la demande deviennent impératifs pour éviter que notre surplus, jadis une richesse, ne devienne un facteur de déstabilisation du système électrique.

 

Analyse et conséquences détaillées pour le rapport :

 

1. Conséquence Économique : Prix Négatifs et Dégradation de la Valeur

   · Lorsque la production (nucléaire de base + pic renouvelable) excède la demande nationale et les capacités d'exportation, les prix sur le marché spot deviennent négatifs. Les producteurs paient pour écouler leur électricité.

   · Cela érode la rentabilité des investissements, aussi bien dans le nouveau renouvelable que dans le parc nucléaire existant qui doit parfois être bridé à perte.

2. Conséquence Technique : Mise sous tension du Réseau

   · Les flux d'électricité doivent être parfaitement équilibrés avec la consommation en temps réel pour maintenir la fréquence du réseau (50 Hz). Une surproduction soudaine peut entraîner des surtensions et mettre en péril la stabilité du réseau, risquant de provoquer des black-outs.

3. Conséquence Stratégique : Nécessité d'Investir dans la Flexibilité et non plus seulement la Capacité

   · La priorité stratégique doit pivoter. Il ne s'agit plus de simplement ajouter des mégawatts de production, mais d'investir dans des solutions pour absorber et valoriser les excédents :

     · Stockage à grande échelle : Développement de fermes de batteries et de stations de transfert d'énergie par pompage (STEP).

     · Pilotage de la demande : Inciter les industriels (et dans une moindre mesure les particuliers) à consommer durant les pics de production (effacement).

     · Power-to-X : Utiliser l'électricité excédentaire à bas coût pour produire de l'hydrogène vert par électrolyse, créant ainsi une nouvelle valorisation économique.

4. Conséquence Géopolitique : Affaiblissement de la Position d'Exportateur

   · La capacité à exporter était un levier d'influence et une source de revenus. Si les pays voisins développent également leur renouvelable, ils auront moins besoin des exports français aux mêmes moments, réduisant ce levier.

 

Conclusion pour le rapport : La surproduction française n'est plus un simple avantage comparatif ; elle est le symptôme d'un désalignement croissant entre un modèle de production hérité et les réalités du nouveau mix énergétique européen. La poursuite du développement renouvelable sans une mutation profonde du système vers la flexibilité condamnerait EDF à une baisse de sa rentabilité et le réseau à une instabilité croissante. L'enjeu est de transformer cette contrainte en opportunité en faisant de la gestion de l'intermittence une nouvelle compétence industrielle.

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1.4. Les heures négatives : un risque financier pour l'argent public 

Rapport d'analyse et de contestation du projet de parc photovoltaïque de l'aérodrome de Pouilly-Maconge

Ce rapport, plus détaillé et moins synthétique que les précédents, est rédigé à votre demande pour formaliser l'ensemble des arguments de contestation du projet de parc photovoltaïque. Il est structuré pour servir de document de référence et peut être annexé à un courrier officiel adressé au préfet, à M. le Député René Lioret et à M. Julien Odoul. Le rapport met en lumière les défaillances perçues à l'échelle nationale et les incohérences locales, remettant en cause la crédibilité des porteurs de projet et la pertinence de l'investissement.

1. Le contexte national : des choix énergétiques contestables et leurs conséquences

L'implantation d'un nouveau parc photovoltaïque doit être analysée à l'aune des défis énergétiques et financiers nationaux, qui remettent en question la pertinence de ce type de projet.

  • 1.1. Incohérence entre nucléaire et renouvelable : La politique énergétique française, qui vise à la fois à développer le nucléaire et les énergies renouvelables, est jugée incohérente. Des voix s'élèvent pour dénoncer une sous-exploitation du parc nucléaire existant. L'ancienne présidente d'Areva, Anne Lauvergeon, a souligné que le facteur de charge des réacteurs français était de 67 %, bien en deçà des 95 % des meilleurs exploitants mondiaux. Selon elle, cette sous-performance est le fruit d'un choix délibéré pour "additionner tout ce qui faisait plaisir aux uns et aux autres", sans tenir compte des réalités techniques et économiques.

  • 1.2. Fiabilité du parc nucléaire et risques de surproduction : Le parc nucléaire français est confronté à des problèmes de corrosion sous contrainte, un phénomène de fissuration découvert en 2021 qui a entraîné l'arrêt de plusieurs réacteurs par mesure de précaution. Bien que le risque soit qualifié de minime s'il est détecté à temps , il illustre la fragilité de notre souveraineté énergétique. Le développement massif des énergies renouvelables (EnR), et du solaire en particulier, risque de créer des problèmes de surproduction, notamment au printemps, lorsque le soleil est fort et la demande faible. Dans ce contexte, le gestionnaire du réseau, RTE, peut être amené à moduler, voire à stopper la production des centrales solaires et éoliennes pour maintenir l'équilibre du réseau, ce qui rend le parc nucléaire prioritaire. Cette situation pose une sérieuse question sur la rentabilité à long terme de ce type d'investissement photovoltaïque, car il pourrait voir sa production réduite ou taxée à l'avenir.

  • 1.3. L'endettement du pays et la course aux subventions : Le coût exorbitant des énergies renouvelables et les coûts d'adaptation du réseau de transport sont des charges importantes pour les finances publiques. Le développement de l'autoconsommation, qui est encouragé par la baisse des prix des panneaux pour les particuliers , pourrait rendre l'investissement public dans de grandes centrales moins pertinent, car la consommation sur le réseau pourrait diminuer alors que la production augmente, avec le risque de prix négatifs de l'électricité. Ce déséquilibre pourrait être corrigé par des choix politiques drastiques, comme des taxes sur le rachat de l'énergie injectée, ce qui remettrait en cause la rentabilité du projet de Pouilly-Maconge.

 

  • 1.4. Les heures négatives : un risque financier pour l'argent public 

L'un des risques majeurs qui pèsent sur ce projet est l'augmentation des périodes de prix négatifs de l'électricité. Ce phénomène, de plus en plus fréquent, se produit lorsque la production d'électricité sur le réseau excède largement la demande. C'est une conséquence directe du développement massif d'installations solaires et éoliennes, dont le coût marginal de production est proche de zéro.Des subventions pour de l'électricité non produite L'un des effets pervers de ce système est que les producteurs sous contrat d'Obligation d'Achat (OA) continuent de produire même lorsque les prix sont négatifs, car ils ne sont pas incités à s'arrêter. L'État doit alors compenser les acheteurs de cette production, ce qui augmente le coût total pour la collectivité. Pour les projets sous Complément de Rémunération (CR), les producteurs sont incités à s'arrêter en cas de prix négatifs pour ne pas perdre leur rémunération. L'État a également mis en place une « prime pour prix négatifs » qui compense les producteurs qui acceptent de stopper leur production au-delà d'un certain seuil d'heures à prix négatifs.L'indemnisation des producteurs pour éviter le déséquilibre du réseau Pour éviter un déséquilibre trop important du réseau, qui pourrait entraîner une instabilité, le gestionnaire du réseau, RTE, doit réguler la production. Il ne s'agit pas de prévenir un blackout (une coupure due à un déficit d'énergie), mais d'éviter une surcharge du réseau due à un excédent de production. Pour ce faire, RTE peut demander aux producteurs d'énergies renouvelables de moduler leur production. En contrepartie de ce service de "flexibilité", les producteurs reçoivent une rémunération qui leur permet de sécuriser leurs revenus. En d'autres termes, les contribuables paient pour que des parcs photovoltaïques, subventionnés par l'argent public, s'arrêtent de produire, afin d'éviter une surcharge du réseau causée par la surabondance de leur propre production. Un investissement dans un tel projet serait donc non seulement coûteux, mais il générerait également des dépenses de compensation pour de l'énergie non produite.

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2.1. Un processus de consultation vicié et un public soigneusement sélectionné 

2. Les manquements locaux : un problème de crédibilité et de démocratie

Les promoteurs du projet ont entaché leur crédibilité par des mensonges et un manque de transparence. Ce comportement remet en cause la légitimité même du projet.

  • 2.1. Un processus de consultation vicié et un public soigneusement sélectionné : Le président de la Communauté de communes, Jean-Yves Courtot, a déclaré dans la presse que la population s'était montrée favorable au projet lors des deux réunions publiques qui se sont tenues en septembre. Cependant, un habitant a rapporté que ces réunions étaient « sur invitation et réservées à un public favorable ». Un élu de la communauté de communes a même reconnu qu'ils n'avaient « pas invité Mr Bochot et tous ceux qui ne partagent pas nos idées ». La photo de ces réunions, qui était disponible sur le site de la SEML Côte-d'Or Énergies avant d'être retirée après la parution d'un article de presse, est perçue comme la preuve que le public a été sélectionné sur des critères favorables au projet (sensibilité écolo-gauchiste) et ne représentait pas l'ensemble de la population, excluant les sympathisants de droite ou du RN. Cette pratique pose de sérieuses questions sur l'implication du maire de Maconge, M.Timechinat, qui a organisé une réunion publique sans garantir une participation pluraliste de ses administrés, donnant le sentiment que la gouvernance locale est sous l'influence exclusive de la communauté de communes. Cette situation dénote un manque de crédibilité pour des élus engagés dans des projets d'une telle importance financière.

  • 2.2. Mensonge et diffamation publique : Après que Jacques Bochot, un habitant, a dénoncé le manque de transparence, M. Courtot a répondu dans la presse que M. Bochot n'avait pas souhaité venir aux réunions, "car il sait que l'ensemble de la population ne partage pas ses idées". En outre, l'article fait le lien entre les idées de M. Bochot et le Rassemblement National, un parti politique dont il a été candidat en 2021. Cette déclaration est perçue comme un mensonge et une diffamation publique, car elle décrédibilise l'opposant en attaquant sa personne plutôt que ses arguments de fond. M. Courtot a ainsi créé une polémique en s'attaquant à une catégorie de la population qu'il a exclue du débat démocratique.

  • 2.3. Des chiffres « fantaisistes » et une communication confuse : La communication sur les données techniques du projet est incohérente, ce qui est particulièrement problématique pour un investissement public.

  • Le site de la Communauté de communes a publié deux chiffres différents : une première estimation de 40 000 panneaux solaires pour une puissance de 15,38 MWc, alimentant 4 000 foyers , et une seconde estimation de 36 166 panneaux, pour 21 MWc, alimentant 10 675 habitants. Ces chiffres sont contradictoires et laissent un doute sur la réalité technique du projet.

  • La production solaire, qui varie considérablement entre l'hiver et l'été, est présentée de manière trompeuse en équivalence de foyers annuels. L'utilisation de ces moyennes annuelles ne reflète pas la réalité de la production solaire, qui est intermittente et ne peut pas couvrir la consommation de 10 675 habitants de manière constante.

 

  • 2.4. Un abus de langage sur l'autoconsommation : M. Courtot a présenté son projet comme un projet “d'autoconsommation" pour que les habitants "consomment l'électricité que l'on produit". Cependant, l'autoconsommation au sens propre se réfère à la consommation de l'électricité produite sur son propre toit. Un parc de 21 MWc ne peut pas fonctionner de cette manière. L'électricité sera injectée sur le réseau national (RTE) et revendue, avec, à terme, la possibilité pour les habitants de souscrire à une offre de la SEML pour acheter cette électricité. L'utilisation du terme "autoconsommation" est donc un abus de langage qui induit le public en erreur sur la nature du projet.

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Avant, Le musée du canal de Bourgogne : Conçu par l'architecte de renommée internationale Shigeru Ban   >>>     
Après,
le musée est à l'abandon, création d'un nouveau batiment, l'office de tourisme

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  Avant, c'était un bateau revolutionnaire électrique   >>>     Après un vieux bateau diesel

3. L'expérience passée : des projets douteux et un schéma de gouvernance à risque

Les précédents projets majeurs portés par M. Courtot et ses équipes sont perçus comme des échecs financiers et des illustrations d'une préférence pour l'idéologie et l'image au détriment de l'efficacité

  • Le bateau électrique "La Billebaude" : Ce bateau de croisière sur le canal de Bourgogne a été présenté comme un symbole de la transition écologique. Or, sa mission principale est la visite de la "Voûte de Pouilly", un tunnel souterrain de 3,333 kilomètres de long. La production d'énergie solaire, si elle a été utilisée, est par définition impossible sous terre. L'abandon de ce prototype coûteux au profit d'une motorisation diesel et la difficulté à trouver des batteries de rechange sont des arguments qui illustrent le manque de viabilité à long terme de projets portés sur l'idéologie plutôt que sur le réalisme

 

  • Le musée du canal de Bourgogne : Conçu par l'architecte de renommée internationale Shigeru Ban en 2005, l'Institut du canal a coûté 432 855 € de construction et 150 000 € de muséographie. Selon les documents, il est actuellement fermé, ce qui en fait, aux yeux des contribuables, un gaspillage financier sans aucune utilité publique avérée. L'engagement d'un architecte prestigieux est perçu comme une recherche de notoriété au détriment de l'utilité du projet.


  • Saisir la cours des comptes : 

 

Les précédents projets majeurs portés par M. Courtot et ses équipes sont perçus comme des échecs financiers et des illustrations d'une préférence pour l'idéologie et l'image au détriment de l'efficacité.

  • ​3.1. Une succession de projets coûteux sans utilité durable : Le cas du bateau "La Billebaude", présenté il y a 25 ans comme le bateau du futur, est emblématique. Destiné à visiter la voûte du canal de Bourgogne , il a, de fait, une mission incompatible avec l'énergie solaire. Un tel projet, dont les coûts d'entretien et la gestion des batteries se sont avérés problématiques, a finalement conduit à son remplacement par un bateau à propulsion diesel, un retour en arrière symbolique qui questionne la pérennité des choix initiaux. De même, le musée d'interprétation du canal de Bourgogne, conçu par l'architecte Shigeru Ban , a représenté un investissement public de 432 855 € pour la construction et 150 000 € pour la muséographie. Le fait que ce bâtiment soit "actuellement fermé"  constitue, aux yeux des contribuables, un gaspillage financier avéré, d'autant plus si un nouvel office de tourisme est construit à proximité sans envisager la réutilisation du bâtiment existant. Ces photos des bâtiments et du bateau, que vous avez transmises, renforcent l'argumentaire visuel de cette gestion. Ces précédents créent un climat de méfiance et justifient de demander une évaluation indépendante de la gestion des fonds publics.

 

  • ​3.2. La saisine de la Cour des comptes : une démarche justifiée C'est précisément ce type de situation qui justifie la saisine de la Cour des comptes. La mission de cette institution est de vérifier le "bon emploi des deniers publics" selon des critères d'économie, d'efficacité et d'efficience.

    • ​Concernant le musée : Laisser à l'abandon une infrastructure culturelle financée par de l'argent public et, potentiellement, investir à nouveau dans la construction d'un bâtiment à proximité pour une fonction similaire (office de tourisme)  pourrait être considéré comme une faute de gestion. La Cour des comptes est l'instance appropriée pour évaluer ce type de décision et s'assurer que l'argent des contribuables n'a pas été gaspillé.

    • ​Concernant le bateau : L'abandon d'un projet après un investissement initial et des frais d'entretien pour le remplacer par une solution plus ancienne (diesel)  soulève des doutes sur l'efficience du projet. La Cour des comptes pourrait examiner si une solution alternative, telle que la réparation ou le remplacement des batteries, aurait été plus économique et efficace à long terme que l'achat d'un nouveau bateau.

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4. Risques techniques et sécuritaires du projet actuel

L'emplacement du projet sur un aérodrome en activité pour des clubs de loisir est un point de contestation majeur qui n'a pas été traité avec la transparence requise.

  • Le risque d'éblouissement pour les pilotes : L'implantation du parc à 70 mètres de la piste de l'aérodrome de Pouilly-Maconge est une source de danger avérée. Les reflets du soleil sur les panneaux peuvent gêner les pilotes lors des phases de vol proches du sol. L'autorité de l'aviation civile (DGAC) exige une étude de réverbération pour tout projet de plus de 500 m² à moins de 3 km d'un aérodrome. Un précédent aux Pays-Bas, où un tribunal a ordonné le retrait de 78 000 panneaux solaires qui gênaient les pilotes de l'aéroport de Schiphol, démontre la gravité de ce risque pour la sécurité.

  • Le silence des associations aéronautiques : M. Courtot a affirmé avoir obtenu les accords des deux associations présentes sur le site. Cependant, aucun document public émanant de l'Aéro-Club Les Ailes de Pouilly-Maconge ou de l'ULM Club de Pouilly ne vient confirmer cet accord, laissant planer un doute sur la réalité de ce soutien.

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Situation alarmante

EDF dans le rouge ? Ce n'est pas la gestion d'EDF le véritable problème, mais l’absurdité du cadre énergétique français

La Cour des Comptes vient de publier un rapport inquiétant sur l'état des finances d'Electricité de France (EDF) et ses filiales. Conclusions : dette en hausse, rentabilité en baisse et risques élevés de ne pouvoir faire face aux futurs investissements dans le parc nucléaire, mais également dans le réseau…

Atlantico : Les chiffres de ce rapport sont alarmants et témoignent d’une situation inédite. Pourtant les acteurs du secteur semblent, comme on lit dans l’article du Point, saluer la stratégie d’EDF visant à relancer la production de nucléaire. Qu’est ce qui ne va pas ?

Jean-François Raux : Après une première analyse, ce rapport me semble pour une fois assez complet et fidèle à la réalité. Mais il me semble qu'il passe à côté des conclusions et recommandations les plus importantes parce que la question, dès le départ, est mal posée. La Cour des comptes cherche toujours la clef sous le réverbère, alors qu'elle est ailleurs. En effet, le problème est plus complexe. C’est  parce que le modèle énergétique de la France est aberrant et totalement incohérent que le modèle d'activité d'EDF est inadapté.

Le Modèle EDF est en effet bancal par construction dès l'origine. En effet, EDF a été mise en concurrence dans tous les domaines (vente d’électricité, Energies renouvelables etc...) à l’exception du secteur du  nucléaire, incluant la conception, la construction, et l’exploitation. Il reste son monopole exclusif. Cette absence de concurrence est totalement aberrante : EDF, faute de stimulus concurrentiel, a échoué dans son ancien domaine d'excellence. L’échec du projet Flamanville n'est pas un accident industriel, mais la conséquence d’une société qui, sans l’aiguillon de la concurrence s’est laissée aller. EDF est devenue progressivement une  « belle endormie », sans direction claire ni stratégie dans le domaine du nucléaire. Ainsi,  la baisse de la production nucléaire globale du parc a été une catastrophe économique. Pourquoi ? Parce-ce que le choix de baisser la production dans une industrie où les coûts fixes dépassent les 80% a des conséquences catastrophiques. EDF n'a aucune raison de garder le monopole du nucléaire et doit être mise en concurrence sur ce domaine stratégique : je ne le vois pas apparaître dans le rapport de la Cour des Comptes.

 

Pourquoi la situation se détériore-t-elle, malgré la position de monopole sur le nucléaire d’EDF, qui devrait lui garantir des rentes confortables ?

Historiquement, la force de la politique électrique française reposait  sur une stratégie axée sur la production du parc nucléaire, proposant une source d’énergie fiable et bon marché. Sous les pressions de l’Europe et de sa doctrine vis-à-vis de la concurrence, EDF a été obligée de céder une partie de sa rente nucléaire à ses concurrents, et à laisser de la place au développement de l’éolien. En supprimant les centrales thermiques, qui couvraient parfaitement la variabilité du vent et du soleil,  le gouvernement a obligé, de fait,  le nucléaire à "moduler" de plus en plus. Ces choix ont conduit à réduire fortement la  rentabilité du nucléaire tout en garantissant celles de l'éolien et en surrémunérant celle du solaire. Ces choix politiques ont abouti à la mise en place d’un transfert de rente d'EDF aux industriels du secteur !

Pour le comprendre, il faut revenir aux bases. En fait, la "logique marginaliste » d’origine construite par Boiteux repose sur deux principes de base de rémunération (voir Boiteux pour les nuls) des centrales. - les installations à grosse proportion de coûts fixes sont rémunérées sur la base de leur capacité, c'est-à-dire le prix de la puissance qu'elles fournissent sur une longue période de l'année : plus elles fonctionnent longtemps dans l'année, moins le prix du MWh produit est élevé. - les installations à grosse proportion de coûts variables (TAC GAZ par exemple) sont rémunérées sur leur capacité à produire rapidement en cas de tension offre / demande) de l'électricité calée sur le prix de l'énergie utilisée pour les faire fonctionner (dans ce cas, le gaz) : elles produisent du MWH cher pendant une courte période, en général, la pointe d'hiver. 

Le problème est venu des ENR

 

qui ne produisent pas régulièrement : quand vous avez, disons, plus de 30% à 40% d'éolien et pas de vent, vous êtes dans une situation de pointe d'hiver : obligé de recourir à des moyens dits de pointe, par exemple des TAC Gaz; donc chères. Le coût de la "puissance garantie" de l'éolien serait alors bien sûr la somme des couts de production des éoliennes et des centrales (TAC Gaz, par exemple) capables de les remplacer. 

Mais, c'est là où les producteurs d'Éolien ont été futés politiquement ; ils ont dit : - supprimons, pour des raisons écologiques, les moyens de production pilotables de pointe (Côut du MWH élevé) à base de charbon et de fioul) : on a fermé 10GW en dix ans. - faisons faire le job au nucléaire : on produit, le nucléaire s'efface ; on ne produit pas (pas de vent), le nucléaire se remet en route. Donc le nucléaire est perdant : il ne peut produire à son max tout le temps, car il doit avoir les réserves pour pallier les défauts de vent, réserves pas rémunérées pour 80% de ses coûts fixes ; il est obligé de diminuer sa production quand école a un coup de folie. Donc, il couvre moins ses coûts fixes parce qu’école l'éjecte. C'est le scandale de la modulation du nucléaire et de son cout élevé. Les ENR (éolien) ont un système complexe qui garantit la rentabilité de leur capital investi : elles sont à majorité de coûts fixes dont la couverture est assurée par les mécanismes de soutien divers. Donc, si vous m'avez suivi, on a transféré une grosse partie de la rente nucléaire issue du mix Messmer, vers l'éolien privé. Or à qui profitait la rente nucléaire Messmer ? Au client final ! Et bien maintenant, ce sont les producteurs d'ENR. Mais, en plus avec ce système, si vous vous engagez à construire des GW d'éolien et de solaire pour, vous DEVEZ construire du nucléaire sous-utilisé pour pallier aux variations du vent et du soleil. La bataille de la PPE 3 est là. Elle n'a rien d'écologique ! TOTAL n'investirait pas dans des parcs éoliens en mer s'il devait assurer le back-up en cas d'absence de vent. Mais il sait (voir la PPE 3 scandaleuse) que l'État va demander à EDF de faire du nucléaire (EPR) sous- rentable en couts fixes pour assurer la sécurité du système. Je nerentre pas dans la modulation de la demande, à long terme, pour rester simple.

 

Ces choix politiques ont ainsi provoqué une hausse du prix de l'électricité et une baisse de la consommation, entraînant un baisse de revenus et de la rentabilité du secteur nucléaire, au profit des énergies renouvelables développées grâce à la garantie des prix de rachat de leur production ! C'est aberrant. La France est aujourd’hui sur-équipée en moyens de production de l’électricité et cela coûte cher, à EDF. Cette remise en question me semble absente dans l’analyse de la Cour des Comptes. Cette situation des surcapacités de production est d’autant plus aberrante que l'on envisage désormais de construire des ENR et du nucléaire en masse, alors que les prix relatifs actuels de l'électricité par rapport aux énergies fossiles et la réglementation favorable au gaz, sont défavorables à l’électricité.Compte tenu du prix actuel du gaz et du pétrole et  de la réglementation thermique favorable au gaz), il faut une électricité peu chère pour remplacer les process fossile par ds process électrique. Or, le système électrique actuel conduit à l’inverse avec un nucléaire sous-utilisé et cher pour couvrir ses coûts fixes.

L'origine du problème est donc avant tout politique : la construction européenne dans l'électricité a été faite pour des pays produisant leur électricité, avec des énergies fossiles, dont le charbon.. Le modèle européen ne collait pas du tout, mais pas du tout, au système électrique français dont l'électricité était déjà décarbonée à plus de 90%. On a donc construit, en France, des ENR pour rien en affaiblissant le nucléaire, donc sa rentabilité.

 

Quelles devraient être les axes d’une réforme de la politique énergétique française ?

Selon moi, la solution à ce problème repose sur trois idées principales. La première est que la société EDF doit être mise en concurrence dans tous ses domaines d’activité, y compris le nucléaire ! Il faut mettre en concurrence des opérateurs qui proposent la meilleure durée de vie du parc actuel et proposent de nouvelles centrales au moindre coût. Plusieurs approches sont possibles. Pour lest centrales existantes le découpage du parc nucléaire en deux ou trois « morceaux » vendus à des sociétés exploitant déjà du nucléaire. Pour les centrales nouvelles, la mise en concurrence par appel d’offres comme, par exemple, par les parcs éoliens en mer. Total pourrait devenir un acteur du nucléaire : il est entré dans l’éolien en mer récemment.

La deuxième idée est qu’EDF ne doit plus servir d'assureur gratuit des énergies renouvelables grâce au mécanisme de prix garanti d’achat de l’électricité éolienne ou solaire, qui conduit à un transfert massif de rentes, comme je l’ai développé précédemment. Les ENR doivent assurer et payer un « puissance garantie » en achetant leur back-up (leur remplacement) en cas de non production, ou en payant la non production d’’autres moyens -par exemple nucléaire- obligés de s’effacer.

Enfin, pour terminer, la réglementation thermique doit être technologiquement neutre voir favorable à l’électricité. C’est toute la discussion sur les coefficients favorables au gaz dans le DPE ou la règlementation thermique, contraire aux intérêts de la France et du consommateur.

Ce n'est donc pas le modèle EDF qui est à bout de souffle, même si EDF a de gros problèmes internes comme le dit la Cour des Comptes.  C''est le modèle énergétique français qui est bancal et mal construit. Par idéologie dans les choix, on a fait un peu n'importe quoi et on continue en voulant construire des GW sans demande en face. In fine, c'est évidemment le consommateur qui va payer, cher, les pots cassés !

Pour le comprendre, il faut revenir aux bases. En fait, la "logique marginaliste » d’origine construite par Boiteux repose sur deux principes de base de rémunération (voir Boiteux pour les nuls) des centrales. - les installations à grosse proportion de coûts fixes sont rémunérées sur la base de leur capacité, c'est-à-dire le prix de la puissance qu'elles fournissent sur une longue période de l'année : plus elles fonctionnent longtemps dans l'année, moins le prix du MWh produit est élevé. - les installations à grosse proportion de coûts variables (TAC GAZ par exemple) sont rémunérées sur leur capacité à produire rapidement en cas de tension offre / demande) de l'électricité calée sur le prix de l'énergie utilisée pour les faire fonctionner (dans ce cas, le gaz) : elles produisent du MWH cher pendant une courte période, en général, la pointe d'hiver. 

Mais, c'est là où les producteurs d'Éolien ont été futés politiquement ; ils ont dit : - supprimons, pour des raisons écologiques, les moyens de production pilotables de pointe (Côut du MWH élevé) à base de charbon et de fioul) : on a fermé 10GW en dix ans. - faisons faire le job au nucléaire : on produit, le nucléaire s'efface ; on ne produit pas (pas de vent), le nucléaire se remet en route. Donc le nucléaire est perdant : il ne peut produire à son max tout le temps, car il doit avoir les réserves pour pallier les défauts de vent, réserves pas rémunérées pour 80% de ses coûts fixes ; il est obligé de diminuer sa production quand école a un coup de folie. Donc, il couvre moins ses coûts fixes parce qu’école l'éjecte. C'est le scandale de la modulation du nucléaire et de son cout élevé. Les ENR (éolien) ont un système complexe qui garantit la rentabilité de leur capital investi : elles sont à majorité de coûts fixes dont la couverture est assurée par les mécanismes de soutien divers. Donc, si vous m'avez suivi, on a transféré une grosse partie de la rente nucléaire issue du mix Messmer, vers l'éolien privé. Or à qui profitait la rente nucléaire Messmer ? Au client final ! Et bien maintenant, ce sont les producteurs d'ENR. Mais, en plus avec ce système, si vous vous engagez à construire des GW d'éolien et de solaire pour, vous DEVEZ construire du nucléaire sous-utilisé pour pallier aux variations du vent et du soleil. La bataille de la PPE 3 est là. Elle n'a rien d'écologique ! TOTAL n'investirait pas dans des parcs éoliens en mer s'il devait assurer le back-up en cas d'absence de vent. Mais il sait (voir la PPE 3 scandaleuse) que l'État va demander à EDF de faire du nucléaire (EPR) sous- rentable en couts fixes pour assurer la sécurité du système. Je ne rentre pas dans la modulation de la demande, à long terme, pour rester simple.

Ces choix politiques ont ainsi provoqué une hausse du prix de l'électricité et une baisse de la consommation, entraînant un baisse de revenus et de la rentabilité du secteur nucléaire, au profit des énergies renouvelables développées grâce à la garantie des prix de rachat de leur production ! C'est aberrant. La France est aujourd’hui sur-équipée en moyens de production de l’électricité et cela coûte cher, à EDF. Cette remise en question me semble absente dans l’analyse de la Cour des Comptes. Cette situation des surcapacités de production est d’autant plus aberrante que l'on envisage désormais de construire des ENR et du nucléaire en masse, alors que les prix relatifs actuels de l'électricité par rapport aux énergies fossiles et la réglementation favorable au gaz, sont défavorables à l’électricité.Compte tenu du prix actuel du gaz et du pétrole et  de la réglementation thermique favorable au gaz), il faut une électricité peu chère pour remplacer les process fossile par ds process électrique. Or, le système électrique actuel conduit à l’inverse avec un nucléaire sous-utilisé et cher pour couvrir ses coûts fixes.

L'origine du problème est donc avant tout politique : la construction européenne dans l'électricité a été faite pour des pays produisant leur électricité, avec des énergies fossiles, dont le charbon.. Le modèle européen ne collait pas du tout, mais pas du tout, au système électrique français dont l'électricité était déjà décarbonée à plus de 90%. On a donc construit, en France, des ENR pour rien en affaiblissant le nucléaire, donc sa rentabilité.

 

Quelles devraient être les axes d’une réforme de la politique énergétique française ?

Selon moi, la solution à ce problème repose sur trois idées principales. La première est que la société EDF doit être mise en concurrence dans tous ses domaines d’activité, y compris le nucléaire ! Il faut mettre en concurrence des opérateurs qui proposent la meilleure durée de vie du parc actuel et proposent de nouvelles centrales au moindre coût. Plusieurs approches sont possibles. Pour lest centrales existantes le découpage du parc nucléaire en deux ou trois « morceaux » vendus à des sociétés exploitant déjà du nucléaire. Pour les centrales nouvelles, la mise en concurrence par appel d’offres comme, par exemple, par les parcs éoliens en mer. Total pourrait devenir un acteur du nucléaire : il est entré dans l’éolien en mer récemment.

La deuxième idée est qu’EDF ne doit plus servir d'assureur gratuit des énergies renouvelables grâce au mécanisme de prix garanti d’achat de l’électricité éolienne ou solaire, qui conduit à un transfert massif de rentes, comme je l’ai développé précédemment. Les ENR doivent assurer et payer un « puissance garantie » en achetant leur back-up (leur remplacement) en cas de non production, ou en payant la non production d’’autres moyens -par exemple nucléaire- obligés de s’effacer.

Enfin, pour terminer, la réglementation thermique doit être technologiquement neutre voir favorable à l’électricité. C’est toute la discussion sur les coefficients favorables au gaz dans le DPE ou la règlementation thermique, contraire aux intérêts de la France et du consommateur.

Ce n'est donc pas le modèle EDF qui est à bout de souffle, même si EDF a de gros problèmes internes comme le dit la Cour des Comptes.  C''est le modèle énergétique français qui est bancal et mal construit. Par idéologie dans les choix, on a fait un peu n'importe quoi et on continue en voulant construire des GW sans demande en face. In fine, c'est évidemment le consommateur qui va payer, cher, les pots cassés !

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